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Krutenau : place à la déminéralisation autour de Sainte-Madeleine

Publié le samedi 18 février 2023

Elle fait partie de ces îlots de chaleur urbains que la municipalité écologiste souhaite transformer en espaces plus arborés et agréables à vivre. Jeudi soir à la Maison des associations, une quarantaine de personnes assistaient à la réunion publique consacrée à la déminéralisation de la place Sainte-Madeleine. Début des travaux au printemps prochain.
Valérie WALCH - 19 nov. 2022 à 18:00 | mis à jour le 19 nov. 2022 à 19:26 - Temps de lecture : 5 min. 2 | | Vu 2312 fois
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Strasbourg
 Krutenau : place à la déminéralisation autour de Sainte-Madeleine
Elle fait partie de ces îlots de chaleur urbains que la municipalité écologiste souhaite transformer en espaces plus arborés et agréables à vivre. Jeudi soir à la Maison des associations, une quarantaine de personnes assistaient à la réunion publique consacrée à la déminéralisation de la place Sainte-Madeleine. Début des travaux au printemps prochain.
Valérie WALCH - 19 nov. 2022 à 18:00 | mis à jour le 19 nov. 2022 à 19:26 - Temps de lecture : 5 min
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Le parvis de l’église sera revu et trois grands arbres y seront plantés. Document de travail Service ingénierie urbaine

Planter des végétaux, pour apporter de la fraîcheur et de la biodiversité sur cet espace identifié comme un îlot de chaleur urbain ; inciter (sans forcément les interdire) les voitures à s’en détourner, et inviter les piétons, cyclistes et écoliers à se réapproprier l’espace. Ouvrir sur le quai des Bateliers, pour rattacher ce morceau de la Krutenau au centre-ville… Tels sont les objectifs du projet de déminéralisation de la place Sainte-Madeleine, présenté jeudi à la Maison des associations, devant une quarantaine de riverains, commerçants, parents d’élèves et représentants d’associations.

Démarrée il y a 18 mois , « la concertation a permis de réunir de nombreux usagers pour proposer des solutions d’aménagement », a rappelé la conseillère municipale en charge de la Krutenau, Aurélie Kosman, avant de céder la parole à Arnaud Coquard, du service Aménagement des espaces publics. Le Cardek, l’AHBAK, les écoles Sainte-Madeleine, le lycée Geiler, les commerçants ont été consultés. À chacun ses priorités, qui ne sont pas forcément celles du voisin, mais que le projet tente de concilier.
Trois grands arbres plantés devant l’église
« La place Sainte-Madeleine, c’est un peu l’arrière-cour du quai des Bateliers, sur laquelle on est venu plaquer du stationnement dans les années 1970 », analyse Benjamin Illat, du service Ingénierie urbaine, en charge de la maîtrise d’œuvre.
Parce que les années 1970 sont loin, pour demain (2023), l’objectif est de « redonner une place centrale à ce secteur qui s’ouvre sur le quai des Bateliers via la rue Modeste-Schickelé et la rue des Trois-Gâteaux », précise la paysagiste chargée du projet, Émilie Simon. De maintenir du stationnement, tout en rendant la place plus agréable et en déminéralisant. Pose de nouveaux revêtements « qualitatifs » (une demande expresse de l’ABF, s’agissant d’un secteur classé) permettant l’infiltration des eaux de pluie et plantations d’arbres sont prévues. Le parvis de l’église sera réaménagé et trois fosses de 25 m² seront creusées pour accueillir de grands sujets ; quant aux façades de l’église et de l’école voisine, elles seront habillées avec une végétation plus basse.

Le plan de masse de la place, où différents secteurs sont à retraiter. Document Service ingénierie urbaine
Les marches seront supprimées au profit d’une rampe
De nouveaux espaces verts, sur lesquels s’appuieront des bancs – restaurés pour certains, rajoutés pour d’autres- seront aussi créés pour favoriser la « réappropriation de l’espace » et des arceaux à vélos supplémentaires seront installés. Rue Modeste-Schickelé, « des espaces verts habilleront les stationnements existants ». Différents revêtements sont également prévus rue des Trois-Gâteaux. Quant aux marches qui mènent à la place, elles seront supprimées au profit d’une rampe accessible aux personnes à mobilité réduite. Le projet s’appuie aussi sur la végétalisation entamée dans le cadre de Strasbourg ça pousse, « l’idée étant de faire appel depuis le quai et de donner envie d’entrer place Sainte-Madeleine », précise Benjamin Illat.
Côté végétation, le zelcova (l’orme de Sibérie) tient la corde pour être planté en triple exemplaire devant l’église, « sachant qu’il supporte de -20°C à +40°C, est esthétique en toute saison et monte à 20-25 mètres ». Koelreuteria pour compléter l’alignement ; acanthes, sanguisorba et autres heliopsis en strates basses seront aussi chargés de parer à la chaleur, tout en donnant de la couleur… Et en nécessitant peu d’entretien.

De nouveaux arbres seront plantés sur toute la place pour prodiguer de l’ombre. Document de travail Service ingénierie urbaine
Fouilles préventives en vue
Des fouilles archéologiques préventives seront menées sur une partie de la place (là où les arbres seront plantés, notamment, pour des raisons d’épaisseur de terrassement), ce qui plaide pour un chantier en deux phases. Les études préalables seront terminées fin 2022. La consultation des entreprises sera lancée en janvier, pour une première phase de travaux en mars-avril 2023. Les fouilles préventives pourraient être conduites à l’automne, et les plantations réalisées dans la foulée. L’ensemble du chantier représente un budget de 269 000 € TTC, 204 000 € étant pris en charge par l’EMS, 65 000 € par la Ville.
Pour concevoir les installations qui habilleront les lieux, l’atelier NA (le collectif d’architectes qui a remporté l’appel d’offres lancé par la Ville) prolongera le travail de préfiguration lancé par Horizome. « Nous allons reproposer des ateliers participatifs de coconception des modules », explique Joachim Boyries. Les choix devraient être validés en début d’année. Les éléments seront conçus lors de chantiers participatifs au printemps, puis étrennés en juin… Avant d’être démontés en octobre. « L’idée est d’essayer d’abord et de venir ensuite requestionner les usages, pour voir si les installations sont pertinentes et s’il y a lieu de les pérenniser », explique-t-il.

L’aménagement de la place Sainte-Madeleine se précise. Photo DNA /Valerie WALCH
Installé rue Sainte-Madeleine, le magasin de créateurs Le Générateur a remporté un appel à manifestation d’intérêt sur les « usages éphémères » et prévoit aussi de concevoir du mobilier urbain « qui sera créé et monté par notre équipe d’ébénistes et décoré par les illustrateurs », précise sa coordinatrice, Valérie Etterlen.
Quid de la sécurité ?
Si le projet n’a pas suscité d’opposition majeure, certaines questions restent en suspens. Afifa Monkachi, de la librairie des Bateliers, continue à déplorer la mise en impasse de la rue Modeste-Schickelé, dont elle estime qu’elle a été « totalement oubliée lors de l’aménagement du quai des Bateliers ». Dès qu’il y a deux voitures garées, on ne nous voit plus ; ça nuit au commerce ! » déplore-t-elle, fustigeant les « blocs de béton hideux » qui ferment la rue côté quais.
Soucis de livraisons, stationnement sauvage (nocturne, notamment), automobilistes tournant en vain - « et en polluant » -, faute d’avoir été prévenus qu’il était inutile de s’engager, parents déposant les enfants de plus en plus près de l’école et autres manœuvres dangereuses ont suscité plusieurs remarques. Un habitant s’inquiète pour le futur « gymkhana entre les arbres » auquel devront se livrer les corbillards. Un autre alerte sur « les conditions de la traversée Geiler-Sainte-Madeleine en Louboutin ou en fauteuil roulant ». Sans compter « l’effet patinoire » des pavés mouillés. « Quand est-ce que la Ville aura l’intelligence de prévoir une bande de pavés à joints étroits ? », s’interroge-t-il.

L’objectif de ces travaux est aussi d’ouvrir la place sur le quai des Bateliers. Document de travail Service ingénierie urbaine
Une mère s’inquiète pour la sécurité des enfants aux entrées et sorties d’écoles, évoquant la possibilité d’un plot relevable aux heures critiques… « Ou d’une rue école », glisse Aurélie Kosman, qui précise que le sujet est à l’étude pour 2023/2024. Le directeur du Cardek, Manuel Santiago, appelle pour sa part à « ne pas oublier les jeunes dans les futurs aménagements ». En prévoyant par exemple un espace adapté où ils pourraient jouer au ballon. Autant d’usages à concilier, tout en végétalisant cette place.